Li Tchestia

Li Tchestia

Li Tchestia

Les hauteurs rocheuses dominant le confluent de la Meuse et du Hoyoux se sont révelées très tôt d’une grande importance stratégique. Les origines du « Tchestia » remontent au moins au IXe siècle.

Agrandi par Raoul de Zähringen, au XIIe siècle, et Jean de Flandre, à la fin du XIIIe siècle, le château a de nombreuses fois souffert des guerres de Bourgogne et fut restauré dès 1507 par Erard de la Marck.  

Ce dernier fit creuser le puits impressionnant, qui existe toujours, d’une profondeur de 90 mètres. C’est à cette époque également que le château prit l’allure que nous lui connaissons par les gravures des XVIe et XVIIe siècles. Cette puissante forteresse fut âprement disputée dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Alors renforcée par les forts Rouge et Picard (sur la même crête) et par les forts Joseph (sur le mon Corroy en 1697) et du Sart (au-dessus de Gabelle, en 1705), prise et incendiée une première fois par les Français en 1676, elle connut de 1688 à 1703 des sièges et bombardements successifs, à tour de rôle par les Français et les Impériaux.

 

En 1715, le Traité de la Barrière impose sa destruction ainsi qu’aux remparts. Les travaux débutent en 1717. Le château fût déconstruit pierre par pierre. L’emplacement reste vide jusqu’en 1818, date à laquelle le royaume des Pays-Bas commence la construction du fort actuel qui s’intégrera dans la ligne des défenses mosanes.

 

En avril 1818, la première pierre est posée par le lieutenant-colonel Cammerlinck, auteur des plans ; l’exécution est confiée au capitaine Anemaet. Le tracé du fort épouse le relief de l’éperon mais nécessite néanmoins des terrassements et l’aménagement d’une plate-forme.

C’est un quadrilatère de grand appareil calcaire, à côtés inégaux, formé de quatre bastions en saillie, réunis par des courtines d’une hauteur moyenne de 17 mètres. Il abrite jusqu’en 1830 une garnison de 600 hommes dont 100 canonniers. Désaffecté en 1831, le fort devint prison d’Etat en 1848 pour recevoir les dix-sept principaux condamnés de Risquons-Tout et leurs complices. Le dernier de ces prisonniers fut libéré en janvier 1855.

Pendant la guerre 1914-1918, au cours de laquelle il ne joua aucun rôle militaire, il fut à nouveau utilisé comme prison par les Allemands. 

 

En 1920, il accueillit l’Ecole régimentaire du 14ème de Ligne avant de devenir, en 1932, centre d’attraction touristique. 

 

En 1937, il fut réoccupé par la Défense nationale mais, pas plus qu’en 1914, il ne joua de rôle militaire en mai 1940. 

 

Durant la deuxième guerre mondiale, les Allemands transformèrent le fort en camp de détention : civils français ou étrangers d’abord, puis otages et opposants à l’ « ordre nouveau » et à l’occupation.  

 

Le fort devint ainsi un bagne nazi où séjournèrent plus de 7.000 patriotes : opposants politiques, fermiers récalcitrants aux réquisitions, otages, résistants, réfractaires au travail obligatoire, etc… 

 

Pour plusieurs centaines d’entre eux, le fort ne fut qu’une étape, un centre de triage vers les trop célèbres camps de la mort lente : Dachau, Auschwitz, Neuengamme, Vught, Buchenwald et les autres. 

 

Le 5 septembre 1944, au matin, les Allemands libérèrent les détenus par petits groupes et, à midi, les grilles étaient ouvertes. Les inciviques remplacèrent bientôt les résistants et, dès le 12 septembre, le Ministère de la Justice installa au fort un centre d’internement qui ferma définitivement ses portes en 1946. 

 

Depuis, racheté par la ville en 1973 pour le franc symbolique, le fort est devenu un centre touristique incontournable.