Il était une fois le kwak
Sur les origines étymologiques du Kwak, les experts se perdent en conjectures. Les explications pittoresques ne manquent d’ailleurs pas.
Certains romantiques ont voulu y voir une évocation du chant des grenouilles, le soir au bord de la Woluwe. Au temps où les batraciens woluwéens “kwassaient” en période des amours… D’autres, plus sémiologues, parlent d’une enseigne signifiant “A la Sornette” ou “A la Bagatelle” voire d’une enseigne tronquée intitulée originellement “In de Kwakel” (A la clef). Enfin, certains, plus éthyliques, ont cru y reconnaître le vocable “Kwak” qui désigne en bruxellois une “goutte”, “un coup à boire” !
Quant au grand livre de référence “Histoire de Woluwé-St Lambert”, il note avec intérêt l’existence d’un cours d’eau dénommé “Quakenbeek” (ruisseau du marécage) à Forest. Une étymologie qui s’appliquerait sans entrave au site du Kwak, en bordure de la Woluwe, à fond de vallée, lieu humide et marécageux par excellence. Cela dit, côté lorgnette historique, qui sait encore que l’estaminet
« In de kwak » n’est pas installé à l’emplacement où il naquit au XVIIIème siècle. Sacrifié à l’expansion urbaine, le bistrot original a été rasé en 1938 pour laisser la place au bitume de la nouvelle avenue Emile Vandervelde. Le propriétaire obtint toutefois la reconstruction de son café à l’emplacement actuel. Fin du XVIIème siècle, le kwak appartient à JeanAndré Orban, aubergiste et cultivateur namurois, qui sera le premier bourgmestre de Woluwé-StLambert de 1800 à 1808. Il se dresse au coin de la rue de wezembeek, aujourd’hui disparue, et du chemin du Vellemolen, derrière le château de Slot. La Woluwe ruisselle à ses pieds, ce qui permettra la construction ultérieure d’une annexe sur les fondations d’un moulin.
Au XIXème siècle, le kwak passe entre les mains du marquis de la Boersière. Le nouveau propriétaire le loue un temps avant de la revendre en 1909 aux époux Charles Abeloos et Elise Orban. Le lieu devient alors un but de promenade pour le Bruxellois ou les tartines au «plattekeis» (fromage blanc bruxellois) sont réputées, sans oublier lambic, kriek (bières bruxelloises de fermentation spontanée), Delbruyère, spéciales, etc…
Le passé, ça a tout de même du bon ! Non peut-être…
(Édition du journal Le Soir du 21 avril 1998)